Je le savais : tu es une incorrigible romantique qui s'ignore !!!
Bon, alors je vais te raconter ça (en gros), au moins ça t'obligera à rester tranquille au repos, à ménager ta jambe, ne serait-ce que quelques minutes...
Alors... D'abord, on s'était donné rendez-vous avec Prof (celui-là, on va pas l'appeler "janvier" parce qu'il risque d'y avoir récidive
), dans un bar toulousain, juste à la sortie d'une station de métro. C'était mon idée parce que l'endroit faisait partie des rares lieux où j'arrive à me rendre en voiture (près de mon pub habituel) dans cette ville de fous du volant (
). Evidemment, avec mon sens aigu de l’organisation, quand je suis arrivée (un peu en avance), le bar était…
fermé !!! Incroyable que dans une ville aussi grande, la plupart des bars n'ouvre qu'à 17h le samedi après-midi !!!
En attendant que Prof arrive et qu’on décide d’un plan B, je me suis installée au dessus de l'escalier de la bouche de métro, au milieu des vélib', manière de pouvoir l'observer en douce quand il rappliquerait.
Je voulais quand même avoir un aperçu de sa personne avant de décider si je restais ou si je partais en courant !
J'avais bien vu une photo de lui mais plutôt floue et prise de loin, alors...
J'étais donc sur la pointe des pieds, penchée par dessus le parapet, à épier les gens qui montaient, quand un gars est arrivé près de moi, avec un petit sourire amusé. Pensant que je gênais pour qu'il prenne un vélo, je me suis poussée (en lui rendant son sourire... je suis une fille polie !
) et j'ai repris ma surveillance par dessus le muret. Le gars a toussoté alors je me suis retournée à nouveau en pensant
"mais enfin, qu'est-ce qu'il me veut, lui ???" . Et là, il m'a sorti :
"excusez-moi mais... je crois qu'on a rendez-vous !" Moi, ne le connaissant absolument pas et déstabilisée (parce qu'attendant toujours que mon rendez-vous arrive par l'escalier du métro) je n'ai pu que balbutier
:
"heu... oui... non... enfin, je sais pas ! Heu… peut-être !", rouge comme une tomate d'être prise en flagrant délit d'espionnage et sans savoir si ce type était le bon !
Il s'est évidemment avéré que C'ETAIT le bon mais… qu'il était venu à pied !
Et moi, ne le reconnaissant franchement pas par rapport à la photo, qui n'ai pu que rajouter : "mais... mais... tu es sûr que c'est TOI ???"
Ri-di-cule !!! J'ai été ridicule !!!
Bref, les premiers échanges passés (si, si , c’était bien lui !
) , on s'est baladés dans la ville, en attendant que les cafés ouvrent. Il m’a sauvé la vie en me rattrapant in extémis avant que je ne passe sous les roues de trois vélos qui roulaient sournoisement sur la piste cyclable (oui ben chez moi, y en a pas de piste cyclable ! Je ne sais pas ce que c’est !!!
). Au « jardin des plantes » (peuh ! Rien d’autre qu’un parc d’une banalité affligeante !
) il m’a évité de me prendre de plein fouet une poubelle vu que je marchais tête tournée en observant un petit garçon que son papa allait « lâcher » pour la première fois sur son vélo… Et enfin, il a dévié ma route d’un énorme trou traîtreusement creusé au milieu du chemin (j’avais le nez en l’air pour admirer une statue de cyclope, on ne peut pas tout faire !).
On a fini par trouver une terrasse de café pour nous accueillir et là, pour me consoler d’être « déplorablement distraite », il m’a avoué qu’il était, lui, d’une maladresse navrante (il a d’ailleurs failli renverser son verre quatre fois au cours de notre rendez-vous, si j’ai bien compté !
). Ce qui m’a beaucoup fait rire. Je me suis dit qu’entre un maladroit navrant et une distraite déplorable, si le serveur s’en sortait vivant, il mériterait la médaille d’employé du mois !
Bon, je te le fais court, physiquement je n'étais pas vraiment sous le charme mais conversation super intéressante, humour, gentillesse...
Rien en commun avec moi : il est couché à 23h au plus tard tous les soirs (samedi compris !), il boit du thé, il va courir le dimanche matin, il
« ne sort pas, n'a pas de télé, ne conduit pas, ne boit pas , ne fume pas, ne se drogue pas… » . Il passe son temps libre le nez dans ses bouquins ou éventuellement en balade solitaire au bord du canal… Mais, comme moi, il aime farouchement sa solitude et sa liberté et ne souhaite pas, ni maintenant ni plus tard, s’engager dans une relation qui mènerait éventuellement à une vie de couple (berk ! berk ! berk !
).
On a fini par revenir vers la station de métro et vu qu’il m’avait dit devoir partir vers 17/18h (et qu’il était à peine plus de 17h), je lui ai proposé un dernier verre au pub que je fréquente (juste à côté) qui venait enfin d’ouvrir.
Là, je me suis laissée tomber sur une banquette (je n’en pouvais plus d’avoir autant marché !). Malheureusement...
mon sac (ouvert) a eu la bonne idée de se retourner,
se renversant entièrement sur le rembourrage du siège, préservatif en tête !!! Prise de panique,
j’ai sauté dessus par réflexe
(sur le préservatif, pas sur Prof !!!
) pour ne pas passer pour une vieille obsédée mais après, je te dis pas la galère pour essayer de le récupérer sans trop gigoter !
En vain !
J’ai dû attendre, rouge aux joues, qu’il aille commander au bar (dans les pubs, il n’y a pas de service, on commande soi-même au bar) pour le remettre dans le sac en toute discrétion.
Ensuite, j’ai voulu me précipiter pour dire au barman de ne pas mettre de glace dans le coca light que Prof venait de me commander (j’avais déjà bien assez froid !
) quand j’ai buté contre un truc qui m’a projetée comme une fusée vers le comptoir !
Comptoir que j’aurais mangé si le tabouret placé devant ne m’avait pas stoppé violemment dans ma course (en plein dans l’estomac ! ouille !!!). Ri-di-cule, je te dis !!!
Mais Prof a eu le bon goût de s'enquérir de ma santé plutôt que de pouffer bêtement comme j'aurais fait à sa place !
On a regagné nos places avec nos verres et finalement, pris par la conversation, on n’a pas vu le temps passer !
On n’a d’ailleurs pas mangé, c’est la faim qui m’a fait réaliser qu’il était déjà 22h !
On avait trouvé un petit coin tranquille à peu près à l’abri des regards et à force de réchauffer mes mains glacées, il a fini par m’embrasser...
Si moi j’ai trouvé ça plutôt cool, lui, visiblement, bien plus encore ! (oh là là, comment je me la pète !!!
) Je n’ai pas pu m’empêcher de lui faire malicieusement remarquer : « je parie que CA, c’est pas dans tes vieux bouquins poussiéreux ! »
Bref, au lieu de partir à 18h, il est resté jusqu’à minuit (jusqu’à la pause de mes potes musiciens qui ont failli en tomber leur Guiness en me voyant attablée avec un inconnu qui me tenait la main en me parlant dans le creux de l'oreille !
) et je l’ai ensuite raccompagné jusqu’à mi-chemin de chez lui, où nous nous sommes encore attardés une bonne demi-heure dans une ruelle tranquille, malgré le froid.
Puis je suis retournée au pub… Je n'allais quand même pas abandonner mes potes pour un inconnu, non ?
En tout cas, Prof a passé tout le dimanche à plancher sur son programme de cours pour rattraper le retard que je lui avais fait prendre.
Et moi j’adore l’idée d’avoir été son « élément perturbateur » dans sa routine bien organisée !
Que je suis méchante !!!
Voilà Orpa, c'était la séance "roman" du mercredi après-midi, maintenant tu sais tout !!!